29 jaNviEr 2016, par Christophe Siébert/Konsstrukt



La place des femmes, dans notre société, est subalterne. Par exemple, à la dernière réunion du MEDEF, il n'y a aucune femme. Par exemple, à Angoulème, il n'y avait aucune femme sélectionnée au Grand Prix avant qu'on en sorte une du chapeau suite à la pression publique. Par exemple, dans le cinéma, le nombre de femmes qui décident des films est ridiculement bas.
Par ailleurs, les féminismes engagent leurs militants-es et leurs sympathisants-es à combattre pour davantage d'égalité. C'est à dire, si j'ai bien compris, notamment pour qu'il y ait davantage de femmes au MEDEF, davantage de femmes à Angoulème, davantage de femmes aux postes de pouvoir dans le cinéma, en polique, dans l'industrie ou ailleurs.
Je ne suis pas certain, à la réflexion que cette ambition (ou ce projet) puisse être un succès.
Je ne le suis pas, car je crois que si les femmes sont minoritaires, ça n'est pas en raison d'un défaut d'organisation de la société, qui ne serait pas équilibrée, mais en raison d'un défaut dans sa nature même, qui la rend fondamentalement injuste. La société est construite sur des prémisses et des valeurs fausses et tarées, et je ne crois pas que ça soit réparable – pas plus qu'on ne soigne le cancer avec des antidouleurs. Le pouvoir est mauvais. Le pouvoir est maléfique par nature, corrupteur, dégueulasse, c'est un poison mortel et il tue tout le monde, absolument tout le monde. Vouloir mettre des gentils au pouvoir à la place des méchants, cela revient simplement à jeter des Saints en Enfer et à espérer qu'ils vont éteindre le feu.
C'est une société phallocrate et tout ce qui la constitue, tout ce qui la justifie, tout ce qui la rend possible, est phallocrate. Ses règles sont phallocrates, son mode de pensée est phallocrate. Sa philosophie, sa morale, sa métaphysique, sont soumises au phallus, qui n'est pas du tout un symbole de virilité mais bel et bien celui de la Puissance, dans toute son obscénité, qui n'a rien à voir avec les bites qui pendent ou se dressent entre les jambes des hommes, mais tout à voir avec l'épouvantable volonté de conquête et de domination qui tient debout ce monde pourri.
Ca n'est donc pas en militant pour injecter plus de femmes aux postes de pouvoir que ça changera. S'il y avait 50% de femmes au MEDEF, à l'Assemblée Nationale, partout, notre société ne deviendrait pas juste pour autant. Elle serait toujours une société phallocrate, avec davantage de femmes pour la faire fonctionner. Vous objecterez : si davantage de femmes sont aux pouvoirs, alors elles pourront corriger la nature inique de cette société, et la conduire à être non plus une société phallocrate gouvernée par des femmes, mais une société égalitariste. Je ne crois pas. Partout où qui que se soit exerce un pouvoir, le Pouvoir demeure. C'est une tautologie dont on ne sortira pas vivant.
À mon avis, la solution ne réside donc pas dans la tentative (louable, respectable, digne d'admiration) de certains-es d'amender cette société pour la rendre plus mixte, moins raciste, plus tolérante, moins injuste, mais dans sa mise à bas, dans sa destruction, de fond en comble, toutes les têtes des oppresseurs au bout d'une pique, et dans la construction d'une nouvelle société, qui sera mixte, non-raciste, tolérante et juste, rejetant le Pouvoir, édifiée sur les cendres de la nôtre et peuplée d'individus essayant très fort de comprendre ce qui avait foiré, pour ne pas le reproduire.
Nous vivons depuis bien, bien longtemps dans ce monde. Il est peut-être temps d'arrêter de vouloir le réparer et d'admettre qu'il ne marche pas et qu'il faut tout brûler. 

 (extrait de TEXTES D'HUMEUR OU D'ACTUALITE, ECRITS A LA VA-COMME-JE-TE-POUSSE, ET QUI N'ONT PAS VOCATION A ETRE REPRIS EN RECUEIL

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