ANTIPUNK CHEVAL BLANC

1


Moi Cheval Blanc, devant la croix de la surface, entre le ciel noir et la lumière immanente, à mon propre désir, j'aurai des armes et je sais tirer : dans mes mains une coque d'argent porte un cube hongrois, j'en connais les algorithmes, ans ma besace l'Opinel de mon parrain, un dé bleu à vingt-deux faces, mon carnet Catastrophe carbone, ma trousse et mon stylo plume bec de cygne, entre autre chose, Cervantes et Borges, une pince coupante pour les cordes, un paquet de Narval archi-sec, un brûle-gueule et son cure pipe, entre autre chose, L'Entretien Infini, des anxiolytiques et mon vasodilatateur,  du riz-la-croix bleu et du gauloise brun, une flamme, une pierre cassée d'Ardèche, une autre blanche et translucide, deux capodastres inutiles, et deux diapasons, un baroque et un moderne.


2


De la nouvelle Arche, attachés à nos sièges nous contempleront le bord du temps, la vrai fin de la l'histoire, celle que n'ont pas vu venir les aveuglés du déni. Ding dong fait le prophète, le passé hante le présent et panse le futur. Du feu la vie, des cendres l'oubli, puis le vent, le souffle chaud d'après l'éclair, gonflera nos voiles pour un dernier voyage, jusqu'aux rivages pourpres de nouveaux beaux jours, et nos visages graves oublieront la peur, nous auront vaincus l'homme du néant et nous dirigerons l'arche de l'Amor vers son unique but et son seul destin.


3


Presqu’arbre :


Je ne peux faire un pas sans que mille sens s'offrent à moi, immobile même le non-sens porte sens et mouvement, où que j'aille je suis en moi, et moi l'inculte j'ai peur. Je veux mes pieds dans la terre et mes ongles en racines, je veux mes mains de branches et mes ongles en fleurs, je veux le temps d'oublier et le temps de comprendre, je veux le non-agir et je veux le pouvoir, que le vent me chante et que les oiseaux me sifflent, je veux la terre et je veux le ciel, je veux l'eau, l'éther et je veux la nature et je veux la culture et je veux la paix quitte a me brûler.


4


Il y a mon ventre, et le ciel, puis mon cœur plein de sang noir, il y a l’homme qui ne ment pas puis celui qui s’endort étouffé, il y a la main avant le mot puis le papier de marbre qui se tait, il y avait la couronne, il y la croix, là le soleil saigne, puis il y a moi, mais l’autre est trop loin, infiniment brûlé, il y a le monde puis il y a l’autre, le vrai, celui d’après l’ancien, au bout de mon bras, juste après ma main.


Crois tu que nous sommes seuls, crois tu que nous sommes morts et que Dieu n’existe pas encore ?


Qui résonne en moi ? L'arbre du temps ? Le sang le sang l’eau et le vin, dans le silence des fleuves blancs, la dernière nuit, l’inavouable foi des prisonniers du désert.


(Au large le champignon était si beau.)



fragments 2006-2007

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